L'odeur des vents frileux picote les visages
Des habitants de Delphes errant sur les trottoirs
Mais l'air aventureux entraîne le courage
À braver l'inconnu dans la lueur du soir
La poudre de la nuit s'écoule sur les yeux
Et la lune se change en phare lumineux
Pour les navigateurs qui cherchent leur maison
Argonautes iodés en quête de toison
Des chutes de rochers qui proviennent du mont
Forment les fondations d'écrasantes surfaces
Elles tombent du ciel en imposantes masses
Les colonnes sacrées du temple d’Apollon
Face au grand bâtiment qui vogue sur la ville
Dans le secret espoir de perdurer longtemps
Le peuple laisse entrer ses angoisses fragiles
Sa peur démesurée ses défauts inconstants
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Moite et blanche est la pierre aux odeurs animales
Aux sueurs dégrisés de l'alcool éperdu
Comme la corde raide étrangle le pendu
Les gorges se resserrent en entrant dans la salle
Des êtres et des corps s'y promènent au milieu
Et même Castalie se retrouve en ces lieux
On devine l'attrait du galbe de ses hanches
Dans un chiton de lin légère belle et blanche
Des rayons d'ocre pure enflamment ses poignets
Façonnés par la main des brillants alchimistes
Un métal adoré orne les bracelets
Où le jaune se mêle au bleu des améthystes
Ô déesse bénie prêtresse des naïades
Les cristaux de tes yeux sont des perles de jade
Une onde lumineuse où le vert est produit
Un rayon de clarté dans le blanc de la nuit
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Isolée de ce monde elle est seule et recluse
Dans ce théâtre antique à l'esprit tragédien
Certes on lui reconnaît ses cheveux ophidiens
Le pouvoir pétrifiant du regard de Méduse
Froide et lisse est la tête aux nombreuses écailles
Aux yeux carbonados aux multiples crochets
Aux aspics anthracites aux couleurs de limailles
Aux mèches métalliques aux cheveux noirs de jais
Des gargouilles figées fréquentent sa personne
D'anciennes créatures invitées à combattre
Le pouvoir fascinant des maudites Gorgones
Qui fixent le vivant et le changent en albâtre
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C'est alors que se meut sous un silence froid
Un sons sourd et strident provenant des parois
Et Méduse apparaît dans sa grande noirceur
Sclérosant Castalie sa rivale sa sœur
À ce moment précis Persée est à la fête
Il prend son bouclier et s'en sert de miroir
Et d'un vif coup d'épée tranchant comme un rasoir
Il terrasse Méduse en lui coupant la tête
Mais Castalie hélas commence à se changer
Les pigments de sa peau peu à peu se ternissent
Ses larmes chaudes tièdes à présent refroidissent
Et son corps tout entier lui devient étranger
Sa douce et tendre chair vient de subir un choc
Qui cimente sa vie à jamais dans le roc
Mais le creux de ses yeux laisse évader sa peine
La déesse de l'eau se transforme en fontaine
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Elle redonne espoir à l'âme desséchée
De l'aède perdu dans le noir désertique
Et qui peine à finir ses écrits ébréchés
Sur un commun trivial plus ou moins esthétique
Mais la source de Delphes est un puissant mercure
Produit par la grandeur de la nymphe crénée
Le poète s'abreuve au torrent effréné
Qui change l'ignorant en savant Épicure
La muse Castalie offre l'inspiration
À celui qui boira sa limpide potion
Que ma plume s'envole en aile d'alcyon
Si je m'amuse à croire en ces superstitions
La fontaine de Castalie by Noyan Ramilée is licensed under a Creative Commons Attribution-NoDerivatives 4.0 International License.
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