La route grise me conduit
Alors que je suis en vélo
Vers un ciel cendre ardoise et suie
La lune est vide et sans halo

Mais la pluie commence à tomber
faisant d'un miroir la chaussée
Où les lumières se confondent
Au reflet de la nuit profonde

En descendant un peu plus loin
Une importante habitation
Entourée de champs et de foins
Me sauve des inondations

De la poussière de ciment
Dans l'air s'envole librement
Comme l'ambiance moite et fraîche
D'un vieux bâtiment pleins de brèches

Lorsque soudain, des militaires
Armés en treillis camouflage
Cirage noir croûté de terre
Se retrouvent dans les parages

Un homme avec quatre barrettes
Explique à ma figure inquiète
Ce qu'il adviendra de mon sort
Si jamais je reste dehors

La Terre vient d'être attaquée
Par des affreuses créatures
Qui ressemblent à des rats musqués
Avec une laide fourrure

L'extraterrestre sidéral
Peut quelques fois être invisible
Ronger la pierre et le métal
Il est donc forcément nuisible

Alors je vois ces beaux soldats
Tenir leur fusil à la manche
En vieux braconnier du dimanche
Qui tue ce qu'il ne connaît pas

Ces rongeurs apeurés qui tombent
De la rambarde du balcon
Sont une vulgaire hécatombe
Un massacre au tir au pigeon

Mais l'atmosphère est saupoudrée
De gros nuages blancs cendrés
Qui semblent déchirer l'espace
Pour tous les étrangers qui passent

Et je regarde l'horizon
Où le désir souvent m'emporte
Bien loin de ma propre maison
Loin de mes rêves qui avortent

Et je regarde ce vaisseau
Où les explorateurs spatiaux
Écourtent leur visite brève
En espérant tant qu'ils m'enlèvent

C'est une étoile qui s'enfuit
Pour devenir un point falot
Le ciel est cendre ardoise et suie
La lune est vide et sans halo